Avec les volontaires venant des États-Unis et des pays membres de l’Union européenne et de l’OTAN qui s’étaient déjà annoncés comme soutiens aux Ukrainiens, le monde peut d’ores et déjà se préparer à une longue guerre larvée dans laquelle le bloc pro-Ukraine, combattant pour l’autodétermination et la souveraineté de l’Ukraine, va affronter un bloc pro-russe commandité par un Vladimir Poutine en pleine velléité de reconstitution de l’aire impériale soviétique perdue en 1991.

Et guerre larvée parce que, tout simplement, si le gouvernement de Volodymyr Zelensky parvient à tenir suffisamment longtemps, la quantité d’armements que les Européens et leurs alliés américains ont déversée, continuent de déverser et s’apprêtent à déverser encore en Ukraine pour soutenir leur guerre par procuration contre la Russie devrait finir par assurer une longue guerre qui sera d’abord défensive tant que le gouvernement ukrainien tiendra et, par la suite, résistante. Ceci restera vrai même dans le cas où le gouvernement de Zelensky viendrait à tomber et se retrouverait remplacé par un suppôt de Poutine : l’Ukraine sera alors en pleine guerre civile comme le fut jadis l’Afghanistan ou la Libye, mais la troisième guerre mondiale sans nom déclenchée par cette guerre de Poutine continuerait.

Il suffit pour cela de noter qu’au 2 mars déjà, l’on constatait que près de 20 pays d’Europe étaient déjà directement ou indirectement impliqués dans la fourniture d’armes et de logistique militaire au gouvernement ukrainien. Parmi ceux-ci :

Les Polonais, qui non seulement avaient proposé de donner toute leur flotte de vieux Mig-29 à l’Ukraine, mais aussi, comme les Lettons, fournissent aux Ukrainiens une bonne partie de leur arsenal de missiles Stinger sol-air.

Les Tchèques enverraient, quant à eux, des mitrailleuses, des fusils de précision à lunette, des pistolets et des munitions.

L’Allemagne, réfractaire au départ, envoie maintenant elle aussi des Stingers et des lance-roquettes.

La Suède et la Finlande, qui ne font pas partie de l’OTAN, auraient promis, pour la Suède 5000 armes antichars, 5000 casques, 5000 gilets pare-balles, 135.000 rations alimentaires et, pour la Finlande, 2500 fusils d’assaut, 1500 armes antichars, 150.000 munitions et 70.000 rations.

La Turquie est aussi de la partie, vu qu’elle contribue certains des drones qui sèment actuellement la panique parmi les troupes russes en Ukraine. Le petit Luxembourg n’est point en reste non plus puisqu’il a promis 100 armes antichars.

En complément de cette liste, il y a bien évidemment la Belgique, le Canada, l’Estonie, la France, la Grèce, la Lituanie, les Pays-Bas, l’Italie, la Croatie, la Norvège, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, la Grande-Bretagne et, surtout, les États-Unis. Les États-Unis, par exemple, fournissent les fameux missiles antichars « Javelots » qui ont, au jour d’aujourd’hui, permis de détruire les près de 353 tanks, 60 camions-citernes et 1165 véhicules blindés que, selon Newsweek, l’armée ukrainienne dit avoir détruits en date du 11 mars, le tout couronné par 12000 soldats russes qui, selon le gouvernement ukrainien, auraient été tués. Certaines sources indépendantes comme Oryx feraient mention, plutôt, de 184 tanks russes détruits, endommagés ou abandonnés et, au total, plus de 1091 véhicules militaires russes perdus depuis le début de la guerre, sans oublier les près de de 39 avions et 40 hélicoptères russes qui, selon d’autres sources, auraient été abattus. Les sources officielles américaines, quant à elles, parlent de 20% des forces russes en Ukraine perdues ou rendues inopérantes, ce qui inclurait plus de 6000 soldats russes tués et 15.000 blessés, depuis le début de la guerre.

Qu’ils soient vrais ou non, ce que ces chiffres – et l’incroyable persistance de l’Ukraine – suggèrent est que si l’Ukraine a pu résister plus de deux longues semaines contre le « monstre » russe et causer autant de dégâts à des envahisseurs que l’on croyait redoutables, c’est bien parce que tous ces pays amis, ceux de l’OTAN et les USA en premier, auront noyé l’Ukraine dans une rivière d’armes de guerre défensives.

Mais au moment où, par ailleurs, des pays comme l’Australie promettent maintenant, eux aussi, pour près de 50 millions de dollars en missiles et armes défensives, les soutiens de l’Ukraine se sont élargis au-delà de l’Europe pour inclure, par exemple, le Japon, qui a promis aux Ukrainiens jusqu’à près de 200 millions de dollars d’aide économique et des équipements non offensifs comme des casques, des gilets pare-balles, des rations et des groupes électrogènes.

Que dire, côté russe ? Si l’on exclut les soutiens politiques médiatiquement déclarés ou les abstentions de votes à l’ONU, l’on constatera que, en dehors de la Biélorussie qui se trouve fermement engagée militairement sur le terrain avec la Russie, peu de pays ont annoncé officiellement ou ouvertement leur soutien militaire ou leur engagement militaire auprès de la Russie. Mais cela pourrait rapidement changer, surtout maintenant que la Russie se dit ouverte à la contribution de volontaires venant des pays amis du Moyen-Orient. L’on pourrait ainsi s’attendre, à terme, à voir des pays comme la Syrie, l’Iran, Cuba, l’Azerbaïdjan, la Corée du Nord, parmi d’autres, apporter un soutien militaire plus officiel et, donc, plus direct à la Russie si le besoin s’en faisait ressentir.

La réalité de cette invasion deviendrait alors la suivante : Si tous ces soutiens à chacun des camps venaient vraiment, au final, à se signaler massivement sur le champ de bataille en Ukraine, le monde sera inévitablement dans une situation de troisième guerre mondiale de fait, sur fond de nouvelle guerre froide, elle aussi de fait. Il suffira alors que les citoyens africains qui disent aujourd’hui soutenir Poutine s’engagent eux aussi comme volontaires pro-russes pour aller combattre l’Ukraine, ou que des pays comme le Mali, le Soudan et la Centrafrique envoient quelques « tirailleurs » pro-russes en Ukraine, pour que l’on se retrouve dans une situation où tous les continents du monde se trouveraient directement ou indirectement impliqués dans une troisième guerre mondiale sans nom dont l’unique champ de bataille sera l’Ukraine.

Sauf que, quand cette troisième guerre mondiale sans nom prendra fin, si jamais elle prend fin et ne transforme l’Ukraine en une autre Libye où les armes récupérées par les terroristes iront semer l’instabilité politique en Afrique et ailleurs, l’Ukraine aura cessé d’exister. L’on pourra alors épiloguer sur qui avait tort ou qui avait raison, mais ce que l’histoire retiendra, néanmoins, c’est que tous ces dégâts humains, tous ces morts, toutes ces armes ukrainiennes récupérées par les terroristes qui, demain, iront déstabiliser l’Afrique et le Moyen-Orient, atteignant peut-être, cette fois, des pays comme le Cameroun, le Gabon, les Congo, l’Angola et, pourquoi pas, l’Afrique du Sud, auront eu pour genèse l’égo surdimensionné d’un homme, d’un « grand homme », qui voulut « embêter » les Occidentaux et, nous, Africains, l’applaudîmes.

Pr Daniel Mengara
Président, Bongo Doit Partir

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