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Afrique: Réalités troublantes des indépendances compromises

En ce début d’année 2010, quelques Etats Africains frémissent de bruits curieux et de mises en scène diverses, brandissant à titre d’étendard de circonstance, le cinquantenaire de leur indépendance. En d’autres termes, les gouvernants donnent l’impression d’entrer progressivement en transe, pour disent-t-ils, préparer la célébration de leur accession à la souveraineté internationale. Dans la plus banale des représentations populaires, des peuples jadis conquis, soumis, exploités commandés, et brimés prirent il y a depuis si longtemps, leur destin en mains.

Ce qui constitue une vraie typologie dans cette foire animée où l’on se fait fort de programmer des fêtes grandioses et des kermesses, c’est la rapidité, la facilité, l’empressement avec lesquels, des fonds sont rendus disponibles et des budgets érigés, pour une foule d’intervenants, d’acteurs, d’impresarios, tantôt constitués en comités, tantôt en freelances. Et puis, de Dakar à Yaoundé en passant par Abidjan et Bangui, les mêmes vautours, apôtres de la mauvaise gouvernance et des pillages des deniers publics, sont élus pour tenir la caisse, conduire les opérations, et s’enrichir avec des fonds qui font tant défaut pour construire des hôpitaux, payer des instituteurs, donner de l’eau à boire aux citoyens, satisfaire les besoins primaires.

Vous avez dit indépendance, mais quelle indépendance donc ? Vous avez dit souveraineté, mais quelle souveraineté vraiment ? Vous prétendez donc à la liberté de construire votre destin, par allusion à cette période d’avant cinquante ans, où autrui, le maître colonisateur, décidait pour vous, contre votre volonté, et dit-on contre votre bonheur.

A ce propos, l’actualité brûlante est d’une interpellation cruelle et questionnante, brutale, assassine. Devrions-nous, au regard de quelques faits significatifs, nous exciter autant, nous engager, autant, nous rendre autant au sérieux dans ce tintamarre de fêtards budgétivores ?

Echec des gouvernances et recolonisation

Pour un camerounais ordinaire, la pilule est tout simplement trop amère. En quelques jours, ils auront appris qu’en cinquante ans, ils ont été incapables de former des gestionnaires, manqué de confiance pour se prendre en charge, perdu la raison au point de ne plus croire en un seul de leur concitoyens, grillé toutes leurs cartes politiques et morales, tuer tout leur génie. Après avoir décrété qu’un compatriote n’a pas la capacité de diriger une équipe de football, c’est autour de la poste, de la compagnie aérienne, et bientôt, de la présidence de la République, de la vente des beignets, des toilettes à domicile. La presse locale est pourtant remplie de proclamations des docteurs en toute spécialité, des supposés génies des sciences et des lettres, mais hélas, que valent mille génies nègres devant une colonisation structurée et servie par une clique de traîtres endurcis ?

La honte à laquelle renvoient ces images de Blancs appelés en renforts pour gérer nos affaires, ne trouve une expression complète et honnête que dans l’abondante littérature de dénonciation des œuvres de Mongo Béti, et des prophéties économiques de Joseph Tchuindjang Puémi. Nous sommes dorénavant installés volontairement ou involontairement, dans une indignité pire que celle que les premiers maîtres esclavagistes cultivaient pour nous et usaient de la force pour imposer à nos grands parents.

Notre drame est d’autant plus immense que des individus, pompeusement proclamés élites en qui les premiers esclaves pensaient fonder des espoirs d’une réelle affirmation de l’indépendance et de la dignité du continent, sont devenus tous pourris, corrompus, aveuglés on ne sait par quelle magie occidentale, crucifiés mentalement et ruinés moralement par on sait quel diable secret. Comment ne peut-on pas se rendre compte qu’en nommant successivement des étrangers, des blancs à la tête des entités économiques nationale symboles, l’on se dépouille de toute dignité et l’on déshabille la République, en mettant à nue, ce qui reste de vomissure dans une gouvernance de cabale et d’irresponsabilité.

N’accusez point SHANDA TONME d’extrémisme ni de haine, encore moins de défaitiste, d’afro pessimisme, ou de mercenariat, dénoncez plutôt ces thuriféraires et ces contrebandiers de l’intelligence académique qui savent user des motions honteuses pour valider les régimes sales. Il faut faire le deuil de l’indépendance et annoncer la nouvelle de l’imminence du déclenchement de la prochaine guerre de libération. Il n y a plus, de fait et en fait, que la révolution en perspective. Les générations émergentes trouveront bientôt que le temps commence à se faire long, et que le cinéma de mauvis goût d’une indépendance compromise, une indépendance manquée, une indépendance qui ne fut jamais qu’une coquille vide, a déjà causé trop de souffrances, trop de misère, trop de morts, et la plus insoutenable des hontes.

Le plus grand mensonge

L’histoire de l’humanité est certes celle des hommes dignes, des combattants qui surent payer de leur vie la recherche de la liberté et qui surent attendre longtemps, très longtemps dans des privations et des confinements à l’instar de Nelson Mandela. Mais cette histoire est aussi celle de parfaits fripouilles et des salauds, qui n’ont jamais eu honte, qui ne craignent pas de se dédire, de retourner leur veste autant de fois qu’ils retournent leur langue. Ces menteurs qui revendiquent par ailleurs le statut de donneur de leçon, ont causé un tort immense aux valeurs de solidarité et de compassion, à la coexistence entre les nations et les peuples de cultures et de civilisations différentes, aux valeurs d’humanisme tout court.

Mais pour qui se prend donc ce type de Bernard Kouchner ? Jamais membre d’un gouvernement français n’a fait preuve d’autant d’injures à l’endroit des Africains. Jamais ministre français ne nous a traité et regardé avec autant d’infantilisme. Voici le vrai visage d’un proconsul ambulant, mandaté et formaté dans un humanisme de piètre facture, pour reprendre le bâton de l’oppression et du commandement colonial. C’est l’injonction donné à Bamako de libérer des terroristes d’Al Qaida. C’est la déclaration selon laquelle le Tchad du soldat Idris Déby serait un pays de pleine démocratie. Ce sont les travers et les mélanges d’intérêts obscurs au Gabon.

Et puis vint le roi de la planète des singes que l’on baptise francophonie, à la place de la francofolie. Ce jeune président de la France, habitué des gesticulations oratoires dignes des charmeurs de serpent indiens, a fait de la méprise des nègres et des règles, un art de gouvernance diplomatique. C’est tout de même pitoyable comme bilan pour un si grand pays des droits de l’Homme.

Soutenir ces rejetons des dictatures d’un bout à l’autre du continent n’est ni élégant ni intelligent. Que la France avalise à travers son garçon de course par ailleurs assassin de Sankara, ces bêtises d’élections présidentielles à un tour, est un signe non plus de la faiblesse ou de la soumission des nègres, mais plutôt de l’immense de son immense retard. Le statut de grande puissance se mérite aussi à la dimension de la puissance morale et de la capacité à projeter, à transposer et à imposer des valeurs de justice, de transparence et de démocratie au-delà de ses frontières. Que fait concrètement la France ? Est-elle capable d’une telle maturité morale universelle ? Notre réponse est non, non et non. La France, celle qui continue dans de petites combines sales sur le continent avec des gouvernants condamnés à potence à terme, est sans aucun doute une grande puissance économique, militaire, et diplomatique, mais elle reste une petite puissance morale à l’instar des démocraties de brousse qu’elle secrète par-ci, favorise, entretien et protège.

A qui Paris veut-elle à la fois faire croire qu’elle ferme des bases militaires et qu’elle reste ? Il faut entendre monsieur Hervé Morin, son ministre de la défense le dire, pour avoir pitié de ces esprits simples qui ne comprennent rien à la marche du monde et à l’inéluctabilité des révolutions. Les Américains l’ont compris au prix le plus élevé au Vietnam et e Iran, la France veut-elle passer forcement par la même école, avec les mêmes affres et les mêmes humiliations ?

Malgré tout, il faut savoir féliciter des pays, ces peuples et ces gouvernants, fussent-ils des colonisateurs, des impérialistes, des voleurs et des tricheurs, qui savent conjuguer les droits de l’Homme et la démocratie au conditionnel, pour mieux faire triompher leurs intérêts sordides. C’est tout de même le triomphe de la vraie diplomatie, celle qui n’a ni sentiment ni humanité, celle qui n’a que des objectifs égoïstes. Cinquante ans après, les adeptes de cette école réaliste nous tiennent toujours, grâce à une chaîne solide constituée par des serviteurs locaux et des potentats pitoyables. C’est leur cinquantenaire, pas la nôtre, pas celle du peuple profond et réel./.

© Correspondance particulière pour Camer.be : SHANDA TONME

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