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Wongo : le devoir de mémoire

Quatre-vingt deux ans après la déportation et la mort supposée de Wongo sur la route de Bangui, le témoignage de son courage est toujours vivant grâce notamment à la longévité d’un fils de Lastoursville, témoin oculaire des faits.

Les pièges de guerre laissés par Wongo et les siens dans le pays Awandji et Adouma sont encore visibles, de même les témoins oculaires et auriculaires de la célèbre révolte de Wongo sont encore capables de raconter les faits.

Lastoursville où cohabitent depuis des siècles plusieurs peuples était déjà au début du vingtième siècle une terre hostile à la pénétration coloniale. Le Chef Bamba avait déjà annoncé les couleurs au dix-neuvième siècle mais c’est en 1929, alors que les grandes révoltes anticoloniales ont déjà été matées (Les Binzima en 1909, Mbombet Anyangue en 1913 et Mavurulu en 1912), que se lève Wongo, du village Bembikani, qui décide de s’opposer à l’oppression et à l’injustice flagrantes infligées par les occupants.

Il y a, parmi ceux qui ont vécu les faits, Garba. Arrivé à Lastoursville en 1924 après plusieurs mois de marche depuis le Cameroun, l’homme est encore debout, vivant et la mémoire aussi claire comme si ce qui lui vient à l’esprit date d’hier. Il a environ cent sept ans. Son témoignage de la guerre de Wongo est d’autant plus authentique qu’il l’a connu, rencontré et aimé puis qu’il a été son beau-frère. Au moment de la guerre qui éclate en 1929, Garba est déjà un homme aguerri.

Selon ce témoin, « Wongo avait du cran. Un jour il a réuni les gens de tous les peuples et même des Haoussas pour dire : les blancs veulent nous transformer en esclaves et on ne peut pas accepter ça. On doit se battre pour les faire partir d’ici ». Aussitôt dit, aussitôt fait. Quelques jours plus tard, Wongo et ceux qui avaient accepté de se rallier à sa cause commencèrent à poser les pièges et à attaquer les militaires blancs. « On était déjà averti. Wongo nous avait dit : préparez-vous, faîtes des provisions parce que tant que l’homme blanc ne sera pas parti, on ne laissera pas ».

La Révolte de Wongo dura de mai 1929 à août 1928, puis ce fût la reddition du Chef awandji. Elle ne fût possible que par le fait que « le neveu de Wongo fut arrêté et menacé de mort, il cria : Yaya (appellation respectueuse d’un aîné), cette révolte c’est toi qui l’a commencée et aujourd’hui c’est moi qui vais mourir », raconte Garba. En entendant ce cri, « Wongo accepta de se rendre sinon les blancs ne l’auraient jamais pris », conclut Garba avec larme.

C’est ainsi que prit fin la révolte communément appelée ‘révolte des awandji’. Wongo et son neveu furent déportés en Oubangui-chari. Le neveu mourut le premier, le 19 mai 1930 et Wongo deux jours plus tard sur le chemin de l’exil et de la prison. Une version que Garba et ses contemporains disparus aujourd’hui n’ont jamais admise : « Wongo c’était un homme mystérieux, tous ceux qui l’ont connu n’ont jamais accepté qu’il soit mort sur la route d’Oubangi-Chari ».

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