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L’UGB se moque de ses clients et des PME gabonaises

Pour la seconde fois dans l ‘année, l’Union gabonaise de banque (UGB) a mis en circulation des chéquiers défectueux qui retardent considérablement les opérations de paiement, mettant en danger ses clients et leurs fournisseurs. Mais visiblement, ce qui est un véritable déni de service pour sa clientèle, est totalement négligé par la banque. La banque fait ainsi preuve d’un mépris profond des usagers, totalement inexcusable.
L’agence UGB d’Okala © D.R.

Avec la multiplication des règlements interbancaires, un système automatisé a été mis en place afin d’accélérer le traitement des opérations de masse. Les chèques, effets, ordres de virement, prélèvements remis ou ordonné par les clients à leur agence bancaire sont adressés sous la forme de transactions électroniques à un système de télécompensation. La dématérialisation des échanges permet aux banques, dans un environnement sécurisé, de se régler plus rapidement et de créditer les bénéficiaires dans des délais raisonnables. Les paiements sont effectués sur la base des images chèques que la banque tirée reçoit de la banque du remettant via le système interbancaire de télécompensation. Ce délai est en général de 3 à 4 jours au Gabon, d’où les dates de valeur équivalentes appliquées par les banques.

L’UGB, pour la seconde fois en un an semble-t-il, a mis en service auprès de ses clients des carnets de chèques défectueux, impossibles à traiter automatiquement. En janvier déjà, un certain nombre de chèques émis par cette banque ne pouvaient être lus par les systèmes de numérisation. Fort de cette mauvaise expérience qui avait créé de gros soucis à ses clients, l’UGB ne semble pas avoir pris les mesures nécessaires pour éviter de reproduire la même erreur et le problème s’est à nouveau présenté en décembre 2012. Ne pouvant être lus par les scanners des banques, les chèques doivent être traités manuellement et les délais de règlements sont passés de 4 jours à 3 semaines environ.

3 semaines, en fin d’année, pour qu’un fournisseur puisse encaisser un règlement, c’est bien plus qu’un incident, c’est un drame pour certains. Les commandes n’étant considérées comme effectives qu’à l’encaissement du règlement par le fournisseurs, certains clients de l’UGB ont du attendre 3 semaines avant d’être livrées. Ne parlons pas de la confiance écornée de celles-ci auprès de leurs créanciers, du manque à gagner faute de stocks ou de matières premières pour vendre ou livrer leurs clients et de la difficulté pour elles d’expliquer à leurs clients qu’elles sont bien créditrices mais que la faute revient à la banque…

Le même scénario se déroule pour les fournisseurs des clients UGB. Alors qu’ils comptent sur l’encaissement de leur dû dans un délai normal, les voici obligé d’attendre 3 semaines pour payer leurs charges : salaires, TVA, fournisseurs, loyers et autres créanciers. Là encore l’UGB n’ayant pas émis le moindre communiqué d’excuse ou d’explication, difficile de se justifier auprès de ceux à qui ils doivent de l’argent. 3 semaines pour un chèque déposé en banque le 10 décembre, c’est un encaissement effectif début janvier 2013. Ce n’est ni anecdotique, ni supportable pour bien des PME sous-traitantes, coincées entre leur client qui les a payé, et qui n’est pas forcément au courant de l’incompétence coupable de sa banque, exigeant la livraison de sa commande, et ses propres fournisseurs et salariés qui ne peuvent croire que l’argent encaissé est ainsi indisponible pour une si longue période. Les frais que génèrent plus de 2 semaines de retards de paiement sont insoutenables pour la plupart des PME en manque chronique de trésorerie. A court terme, cela revient pour elles à devoir licencier, retarder leurs investissements et parfois à fermer boutique.

Dans un contexte économique difficile où la SEEG est déjà montrée du doigt pour les heures de travail perdues suite aux coupures d’eau et de courant, cette négligence coupable de l’UGB est tout aussi grave et condamnable. Combien auront coûté ces retards d’encaissements aux petites entreprises concernées ? Combien de manque à gagner en cette période de fête, vitale pour certaines activités ? Combien d’années de travail pour acquérir une image de sérieux et de professionnalisme balayées par la faute d’une banque incapable de délivrer un service de base ?

D’autant que l’UGB aurait très bien pu régler ce problème de nombreuses façon, ne serait-ce qu’en renforçant le service de traitement manuel des chèques afin de réduire sensiblement les délais, ce qu’elle n’a visiblement pas fait, ou demander à ses clients de venir échanger leurs chéquiers défectueux contre d’autre conformes aux règles en vigueur afin de limiter la casse. Non, l’UGB s’est tue, laissant ses clients et les usagers du système bancaire, y compris les autres banques de la place, se débrouiller seuls pour compenser son amateurisme, dont on soupçonne qu’il est avant tout la conséquence d’une volonté de fabriquer ces chéquiers à moindre coût.

Alors que le monde sort à peine, difficilement, d’une crise financière ruineuse consécutive à l’inconséquence de nombreux banquiers, ce mépris des usagers tient de l’insulte. Tout le monde a payé pour permettre aux banques de survivre à leurs erreurs et malversations, tout le monde paie encore d’ailleurs, et certains n’y ont pas survécu ou sont en dangereuse posture à travers le monde, et voici qu’un établissement bancaire international est incapable d’assurer les services de base auxquels il s’est engagé, qu’il néglige d’en informer ses clients et qu’il se permet de ne rien faire pour limiter les dégâts. Faudra-t-il rappeler à l’UGB qu’elle est le fournisseur de ses clients et qu’ils ne lui doivent rien ? Faudra-t-il refuser comme certains ont déjà commencé à le faire, les titres de paiement émis par cette banque ? Ses clients spoliés vont-ils changer de fournisseur ? Une chose est certaine, l’attitude de l’UGB dans cette affaire est inadmissible, contraire à toutes les règles commerciales et particulièrement humiliante pour tous ceux qui ont à faire avec elle.

Fondée en 1962, l’Union gabonaise de banque a d’abord intégré le groupe français Crédit agricole en 2003 avant d’être racheté par le groupe marocain Attijariwafa Bank en 2008. Ses principaux actionnaires sont le Groupe Attijariwafa Bank, l’État gabonais, Delta Synergie, le groupe Ogar, la Banque gabonaise de développement et des investissuers privés gabonais.

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