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Cinq prix pour le cinéma gabonais au Fespaco

Alain Gomis, «ému» et «fier» d’avoir remporté l’Étalon d’or à la 23e édition du Fespaco avec Tey (Aujourd’hui), le samedi 2 mars, a été félicité par le jury pour sa «grâce cinématographique». Le Gabon, qui présentait 5 œuvres dans la compétition en repart avec 5 prix.

Ce 23e Fespaco risque de rester dans la mémoire du cinéma comme le réveil du 7e art africain. Par sa programmation d’abord, étonnement moderne, faisant la part belle à de jeunes talents prometteurs. Par le débat sur l’importance du cinéma en Afrique ensuite. Il restera la Déclaration solennelle de Ouagadougou qui a donné corps à cette notion très politique de cette 23e édition dédiée au Cinéma africain et politiques publiques en Afrique. Une ambition pas encore financée, certes, mais affichée : bâtir une force de frappe pour le cinéma africain. Par l’arrivée massive des nouvelles technologies numériques enfin.

A ce sujet, le Fespaco 2013 fut marqué par un virulent débat technique. Les statuts exigent que tous les longs métrages en lice pour l’Étalon d’or soient copiés sur un format 35mm. Un format qui coûte cher, voire très cher : de 15 000 à 35 000 euros, en Afrique souvent le coût d’un petit film. Du coup, quatre des vingt films en compétition étaient, dès le début du festival, de facto exclu du palmarès. Pour la première fois depuis la création du festival, il est envisagé de faire sauter ce verrou technologique et de modifier les statuts, peut-être pour la prochaine édition. «L’affection que les gens ont pour le 35 millimètres n’a pas sa raison d’être parce que nous ne l’avons pas inventé. Nous devons être opportunistes et utiliser tout ce qui est bon pour nous», a ainsi plaidé le cinéaste camerounais Jean Pierre Bekolo.

Autre fait remarquable, ce sont des femmes qui ont présidé les divers jurys, tous, ou presque, et ce n’est pas un hasard si de nombreux films en compétition étaient réalisés ou produits par des femmes de talent. Euzhan Palcy (Martinique) présidait le jury fiction long métrage ; Jackie Motsepe (Afrique du Sud) le jury TV & vidéo numérique ; Wanjiru Kinyanjui (Kenya) le jury fiction court métrage & film d’école ; Osvalde Lewat-Hallade (Cameroun) le jury documentaire ; Beti Ellerson (USA) le jury diaspora. Seul le jury du prix de la critique africaine, présidé par Baba Diop (Sénégal), a «échappé» aux femmes. «C’est un message souverain que nous transmettons à toute la communauté internationale», avait précisé dès l’ouverture Michel Ouédraogo, le délégué général du festival.

4 prix pour le Gabon

Sur les 101 films en compétition, issus de 35 pays, le Gabon présentait 5 œuvres dans 5 catégories de la compétition officielle. Il s’agissait du Collier du Makoko de Henri Joseph Koumba Bididi, de Dialémi de Nadine Otsobogo, de Terre et Fils de Fernand Lepoko, du Maréchalat du roi Dieu d’Yveline Nathalie Pontalier et L’œil de la cité de Samantha Biffot. Cette dernière a reçu le prix de la Meilleure série télévisuelle. Nadine Otsobogo et Dialemi obtient le Poulain de bronze du court métrage. Le Collier de Makoko recevra lui les prix de la Meilleure affiche et du Meilleur son.

L’affiche de L’œil de la cité

«Moi je suis fan de tout ce qui est thriller, fantastique, mystérieux et j’ai eu la chance d’avoir le soutien d’ Imunga Ivanga [directeur de l’Igis – ndrl] qui m’a donné la liberté d’écrire et de faire cette série comme je l’imaginais» déclarait Samantha Biffot aux journalistes de Gabonews lors de la projection de ses 3 pilotes de sa série. Au fil des épisodes, Samantha Biffot revient sur les sujets graves de la société gabonaise : crimes rituels, sorcellerie, inceste, braconnage, spoliation des veuves ou maltraitance des orphelins. C’est toute la société gabonaise qui est dépeinte, marquant l’engagement de la réalisatrice contre les exactions sur la personne humaine et le non-respect des droits de l’homme. Samatha Biffot a obtenu une licence de cinéma à l’École supérieure de réalisation audiovisuelle à Paris en 2007. Installée au Gabon, elle y a monté sa société, Princesse M Production (PMP). Elle a organisé le premier «Festival international des courts d’école» dont elle est également la directrice artistique.

Nadine Otsobogo sur le tournage de Dialémi

La gabonaise Nadine Otsobogo est réalisatrice, maquilleuse, et fondatrice de Djobusy Productions. Créé en 2010 Djobusy Productions a comme objectif «d’abord être dans la place ! Pour être repérée. C’est-à-dire créer une dynamique dans la production gabonaise. Aller à la découverte des histoires originales en fédérant des personnes passionnées, curieuses et compétentes, en Afrique et dans le reste du monde,. La coproduction est essentielle à tout projet de production. Dénicher des partenaires aussi bien financiers qu’humains. Faire des films, les présenter dans des festivals, des marchés, les diffuser, réinvestir en faisant encore plus de films. (…) Dialémi (Elle s’amuse) est un film sur l’amour. Une maison en bordure de mer. Un Homme, un sculpteur y habite seul en manque d’inspiration. Une après-midi, ELLE, une femme mystérieuse, apparaît. Il l’attendait. C’est un film sur la création et sur l’amour. Sur l’inspiration qui s’amuse.»

Henri Joseph Koumba Bidi est lui, un habitué des prix et des festivals. Après avoir décroché son diplôme d’études supérieures d’enseignement cinématographique à l’E.S.E.C de Paris, Henri Joseph Koumba Bididi se consacre à la production télévisée, signant notamment des documentaires, comme A l’aube du quatrième jour. Après avoir été chargé du casting sur le film Equateur de Serge Gainsbourg, il signe en 1986 le court métrage Le Singe fou, qui remporte le Prix de la première œuvre et le prix de la critique des journalistes arabes au Festival de Carthage ainsi que le Grand Prix du court métrage Fespaco. De 1988 à 1991, Henri Joseph Koumba Bididi occupe la fonction de directeur de l’unité régionale de Radiodiffusion et Télédiffusion du Haut-Ogooué. Puis, de 1991 à 1994, il grimpe de statut en officiant en tant que Directeur général adjoint de la Radiodiffusion Télévision Gabonaise (RTG). Poursuivant ses activités de réalisateur pour la télévision mais aussi de producteur, il signe en 2000 son premier long métrage, Les Couilles de l’éléphant, qui a fait l’ouverture du 17e Fespaco remportant à cette occasion la récompense de la meilleure musique. Le collier du Makoko (2011) est son deuxième long métrage.

[Mise à jour] Un cinquième prix, qui n’apparaissait pas dans le palmarès officiel a été décerné au Gabon : Prix spécial de l’Association Internationale des Communicateurs Catholiques (SIGNIS) pour la promotion des valeurs chrétiennes dans le cinéma attribué à Monsieur Fernand Lepoko pour son film «Terre et fils».

Le palmarès du 23e Fespaco

Étalon d’or : «Tey» (Aujourd’hui) d’Alain Gomis (Sénégal). Le réalisateur sénégalais raconte le dernier jour de Satché, sans donner aux spectateurs la raison pour laquelle ce rayonnant jeune père de famille est dédié à la mort et, surtout, pourquoi il ne se révolte pas.
Étalon d’argent : «Yema» de Djamila Sahraoui (Algérie). La réalisatrice algérienne montre le combat d’une mère, déchirée par l’histoire de sa famille maudite. Elle évoque ainsi l’histoire douloureuse de l’Algérie des islamistes.
Étalon de Bronze : «La pirogue» de Moussa Touré (Sénégal), un film qui raconte la tragédie de l’émigration à tout prix.
Court métrage

Poulain d’or : «Les Souliers de L’Aid» de Anis Lassoued (Tunisie)
Poulain d’argent : «La photographie» de David randriamanana (Madagascar)
Poulain de bronze : «Dialemi (Elle s’amuse)» de Nadine Otsobogo (Gabon)
Prix série TV – Vidéo

Prix de la meilleure œuvre de fiction : «Zamora» de Bhanji Shams (Tanzanie)
Prix de la meilleure série télévisuelle : «L’œil de la cité» de Samantha Biffot (Gabon)
Prix spécial du jury : «Beyond the picket line» de Lentsoe Serote (Afrique du Sud)
Meilleur film de la diaspora : Prix Paul Robeson : «Le bonheur d’Elza» de Mariette Monpierre (Guadeloupe)
Prix Oumarou Ganda : «Les enfants de troumaron» de Harrikrisna et Sharvan Anenden (Ile Maurice)
Prix spécial du jury : «Waga Love» de Guy Désiré Yaméogo (Burkina Faso)
Prix des films documentaires

1er prix : «Même pas mal» de Nadia El Fani (Tunisie)
2e prix : «Calypso rose» de Pascale Obolo (Cameroun)
3e prix : «Président Dia» de Ousmane William Mbaye (Sénégal)
Prix techniques et artistiques

Prix de la meilleure interprétation féminine : Mariam Ouédraogo dans «Moi Zaphira» d’Apolline Traoré (Burkina Faso)
Meilleure interprétation masculine : William Saul dans «Tey» (Aujourd’hui) de Alain Gomis (Sénégal)
Meilleur scénario : «Les chevaux de dieu» de Nabil Ayouch (Maroc)
Meilleure image : «Yema» de Djamila Sahraoui (Algérie)
Meilleure affiche : «Le collier du Makoko» de Henri Joseph KOUMBA BIDIDI (Gabon)
Meilleur son : «Le collier du Makoko» de Henri Joseph KOUMBA BIDIDI (Gabon)
Meilleur montage : «How to steal 2 millions» de Charlie Vundla (Afrique du Sud)
Meilleure décor : «Zabana» de Saïd Ouldkhelifa (Algérie)
Meilleur musique : «Zabana» de Saïd Ouldkhelifa (Algérie)
Prix institutions et États

Prix des Etats-Unis d’Amérique : «La pirogue» de Moussa Touré (Sénégal)
Prix CEDEAO : «La pirogue» de Moussa Touré (Sénégal)
Prix Union économique (UE) : «Por aqui tudo bem» de Pocas Pascoal (Angola)
Prix de l’Union africaine : «Toiles d’araignées» de Ibrahima Toure (Mali)
Prix des écoles de cinéma (Canal+)

Prix spécial du jury des écoles : «Rencontre virtuelle» de Ayéman Aymar Esse de l’ISMA (Bénin)
Prix du meilleur film-fiction des écoles : «Une partie de nous» de Jean-Baptiste Ouédraogo de l’ISIS (Burkina)
Prix du meilleur documentaire des écoles : «Hawan-Idi» de Amina Mamani- Abdoulaye de l’IFTIC (Niger)
Les prix spéciaux

Sous la chaleur d’une tente installée à l’espace aéré de la BCEAO de Ouagadougou, avait lieu la remise des prix spéciaux 2013. Une remise d’importance puisque le nombre de donateurs a augmenté de 2011 à 2012 et que la somme des prix attribués équivaut à 100 millions de FCFA. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a récompensé le court-métrage La main gauche de Fadil Chouika du Maroc avec le prix Talent Emergent 2013 d’un montant de 3500€ (2 295 500 FCFA). La Banque Mondiale (3 millions de FCFA/4580€) a remis le Prix de l’Espoir et Le Prix Initiative Pauvreté-Environnement SP/CONED (IPE/Burkina) revient au documentaire Le bois de la survie d’Abraham Fofana (Guinée). Le prix Sembène Ousmane décerné par Ecobank Fondation (2 millions FCFA/3053€) a été attribué au long-métrage malien Toiles d’araignée d’Ibrahima Touré. Le prix de l’intégration UEMOA long-métrage a été doublement remis (5 millions FCFA chacun /7633€ ) à La Pirogue de Moussa Touré et Tey d’Alain Gomis (Sénégal), ce dernier remportant aussi le prix INALCO (2 millions FCFA/3053€). Le prix de l’intégration UEMOA court-métrage 06€) a été remis au réalisateur sénégalais Moly Kane pour son film Moly. Le prix de l’intégration UEMOA TV-Vidéo (3 millions de FCFA/4580€) a récompensé le documentaire Cette couleur qui nous dérange de Kadiatou Pouye (Sénégal). Le prix ACP-Cultures+ a attribué 2 millions de FCFA (3053€) au documentaire The Cut de Beryl Magoko (Kenya). Le Prix René Monory de la meilleure école de cinéma (u voyage pour participer au festival Ciné Afriqua) attribué par le Conseil Général de la Vienne (France) a été attribué à Nuit de noces de Massino Bossou de l’Ecole Supérieur des Arts Visuels (ESAV) de Marrakech (Maroc). Le prix SIGNIS de l’association catholique mondiale pour la communication (2 millions de FCFA/3053€) a été remis au documentaire Ils sont fous on s’en fout de Seydou Coulibaly (Côte d’Ivoire). Le prix spécial du Ministère des Droits Humains et de la Promotion Civique (MDHPC – 2 millions de FCFA/3053€) du Burkina Faso a été remis à Ayeman Aymar Esse (Bénin) pour son court-métrage produit par l’ISMA, Rencontre virtuelle. Le prix Femmes pour l’Afrique attribué par la Fondation Femmes pour l’Afrique a été remis à la réalisatrice tunisienne Nadia El Fani pour son documentaire Même pas mal. Le prix du Conseil supérieur de la communication (CSC-2 millions de FCFA/3053€) a été offert au réalisateur burkinabè Boubakar Diallo pour son long-métrage Congé de mariage. Le prix de l’Interafricaine de la prévention des risques professionnels (2millions FCFA/3053€) et le prix Maison de l’Afrique Mandingo (2 millions FCFA/ 3053€) a été remis à Nantenaina Rakotondravino pour son documentaire Le prix de l’effort (Madagascar). Le prix Dan Faso de l’Ambassade du Danemark au Burkina Faso (23000 DKK/2990€) récompensant le meilleur film d’animation – qui milite pour la création d’une section film d’animation au sein du Fespaco – a été attribué au seul film d’animation de la sélection 2013 : Ini Hono izi ravo de Sitraka Randriamahaly (Madagascar). Le prix Nescafé du jeune espoir (2 millions FCFA/3053€) a été remis à Une couleur de vie d’Hurel Régis Beninga (Centrafrique). Le prix de la chance de la Loterie nationale du Burkina (LONAB – 2 millions de FCFA/3053€) est revenu au camerounais Thierry Roland Ntamak avec Sur la route d’un ange. Le prix Graine de Baobab, Alliance Francophone (2 millions de FCFA/3053€) est attribué à Zamana de Zalissa Badaud-Zoungrana du Burkina Faso. Enfin, le Prix de la critique de cinéma africaine Paulin Soumanou Vieyra – RFI d’une valeur de (2 millions de FCFA/3053€) a été attribué à One man’s show de Newton Aduaka (Nigéria). Prix spécial de l’Association Internationale des Communicateurs Catholiques (SIGNIS) pour la promotion des valeurs chrétiennes dans le cinéma attribué à Monsieur Fernand Lepoko pour son film « Terre et fils »

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