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Suspension par le CNC de trois journaux indépendants

Liberte-presse1La séance plénière ordinaire du Conseil national de la communication (CNC) du 29 mai 2013 n’a affiché aucun changement dans la méthode favorite de l’institution. Car, il s’agit toujours pour cet organe de régulation, de suspendre des médias, donc de fermer des espaces d’expression. Les journaux Ezombolo, Le Gri-Gri de La Griffe et La Calotte ont été suspendus. Une atteinte aux libertés démocratiques, pas du tout reluisant pour le pays.

Alors que l’article 94 de la Constitution de la République gabonaise stipule que le Conseil national de la communication (CNC) est chargé de veiller, entre autres «au traitement équitable de tous les partis et associations politiques», au «respect des statuts des professionnels de la communication», à «l’harmonisation des programmes entre les chaînes publiques de radio et de télévision», «à la protection de l’enfance et de l’adolescence dans la programmation des émissions diffusées par les entreprises publiques et privées de la communication audiovisuelle» ou à «la défense et à l’illustration de la culture gabonaise», l’instance de régulation des médias au Gabon ignore royalement toutes ces missions et continue de n’effectuer des sorties que pour sanctionner. A près quelques plénières sans sanctions, on s’était permis de rêver que l’institution avait changé. Il n’en est rien.

En sa séance plénière du 29 mai 2013, le CNC a décidé à l’issue de l’analyse du contenu des médias, de suspendre pour six mois les hebdomadaires Ezombolo et Le Gri-Gri de La Griffe et pour une durée de deux mois le journal La Calotte.

Pour justifier sa sanction à l’endroit des trois titres, conformément aux dispositions des lois et textes qui réglementent la communication au Gabon, notamment la Constitution de la République gabonaise dans son article 1 alinéa 13, la loi organique du CNC, le Code de la communication en ses articles 6 et 28 et la Charte des devoirs et droits des journalistes, le CNC, a exprimé «son indignation devant les cas de récidives aggravées de certains éditeurs de presse qui, en dépit de nombreux appels à l’ordre et autres sanctions, continuent de faire de l’outrage, de l’injure, de la calomnie et de l’insinuation malveillante à l’endroit des institutions et les hautes autorités qui les incarnent ainsi que les paisibles citoyens par une forme de journalisme qui malheureusement, tire la profession par le bas».

Le communiqué de l’institution indique notamment que dans sa parution du 22 avril 2013, le journal Ezombolo titre à la une, «Le pouvoir criminel et pédéraste d’Ali». Selon le CNC, l’auteur dans cet article, «traite avec une légèreté déconcertante la première institution du pays qu’est le président de la République, lequel est qualifié d’incompétent et décrié pour avoir institué un régime reposant sur le fétichisme et la pédérastie».

S’agissant du cas de Le Gri-Gri de La Griffe, qualifié par certains de presse présidentielle, l’institution relève que ce titre fait de «l’indécence, de la grossièreté, de la vulgarité, et de l’injure» l’essentiel du contenu de ses parutions, en dépit des engagements pris par son directeur de publication lors d’une récente audition par l’instance de régulation.

Des réprimandes qui n’épargnent pas le journal La Calotte à qui il est reproché de verser dangereusement dans «la calomnie et la déformation des faits». «Interpellé à plusieurs reprises par le CNC, le directeur de publication de la Calotte n’a daigné répondre à aucun des trois rendez-vous dont deux fixés par l’intéressé. Un cas d’insubordination avérée à l’endroit d’une institution constitutionnelle», poursuit le communiqué.

Sur la même lancée, le Conseil a déploré l’absence de débats d’intérêt national sur les chaînes publiques, en violation flagrante de la loi organique du CNC qui, dans son article 2, milite en faveur de l’expression plurielle dans ces médias.

Et pour clore son exercice, le CNC a regretté les attaques répétées entre confrères par presse interposée, les injures et autres invectives, choses contraires à l’esprit et à la lettre de la Charte des devoirs et droits des journalistes à laquelle l’ensemble de la presse nationale avait pourtant librement adhéré, avant d’inviter les uns et les autres au «ressaisissement»

Ces mesures qui semblent excessives ne visent-elles pas à faire taire les médias récalcitrants ? Nombreux pensent que le CNC devrait revoir sa méthode, au lieu de la sanction à tout va, il devrait transmettre les manquements constatés à la justice pour examen.

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