spot_imgspot_img

Gouvernement : l’agitation peu crédible d’Ida Reteno Assonouet

Ida-reteno-assonouetArrivée à la Chancellerie en février 2012, l’ancien directeur de cabinet du ministre Richard Auguste Onouviet a eu beaucoup de difficultés à se mettre dans les habits de Garde des Sceaux. Si le volet Relations avec le Parlement est plutôt positif, le secteur Droits Humains est celui qui a reçu le moins de réforme en seize mois. Mais le bilan du volet Justice est celui où se manifeste le plus l’échec de la méthode Réténo Assonouet.

Elle avait tout pour réussir dans ce grand ministère. De l’expérience acquise au cabinet de Richard Auguste Onouviet, une certaine rigueur dans le caractère, une volonté manifeste de réussir tous les challenges, une ressemblance sous certains aspects à une autre femme de pouvoir, Laure Olga Gondjout, mais on s’est rendu compte, très vite, que le ministère de la Justice «ne lui allait pas comme un gant», comme l’a souligné un député PDG après une des auditions d’Ida Réténo Assonouet à l’Assemblée nationale.

«Les femmes de pouvoir aiment le pouvoir, mais elles ne sont pas toujours des femmes de dossiers», avait dit l’ancien Premier ministre français Jacques Chaban-Delmas. Elle a ainsi donné, jusqu’à un passé récent, un sentiment de flottement, et les magistrats qui n’aiment rien d’autre qu’un ministre qui flotte se sont engouffrés dans la brèche, et se sont mis en tête qu’ils pouvaient tout faire avec ou sans l’accord de la Chancellerie. Là est tout le mal de la Justice gabonaise.

Un discours très peu crédible

Ida Réténo Assonouet est en tournée dans le pays depuis quelques semaines pour sensibiliser les hommes de loi sur les risques d’une justice laxiste et partiale. Reçue tour à tour à Mouila, Oyem et Port-Gentil, la Garde des Sceaux hausse de la voix et annonce la tenue de conseils de discipline pour sanctionner «ceux qui se fourvoient en ne rendant pas la justice au nom du peuple gabonais». Mais les magistrats estiment que «ce sont des propos de circonstance prononcés devant des caméras de télévision». Est-elle si impuissante que ça ? Son discours est-il si peu crédible ?

En tout cas, on constate que ce discours semble arriver un peu tard, que les habitudes ont fini par avoir la peau dure depuis près d’un an et demi. On note des décisions juridiques incompréhensibles dont elle porte la responsabilité aux yeux de l’opinion, comme cette récente mise en liberté de deux personnes ayant reconnu avoir assassiné et «dépiécé» une femme en mars 2011. C’est tout cela qui fait perdre du crédit au discours haut en couleur du ministre Réténo Assonouet.

Il est vrai aussi, à sa décharge, que le secteur de la Justice se caractérise par une politisation trop marquée par une trop longue présence, à leurs postes, de certains hauts magistrats, à l’instar de Gilbert Ngoulakia, premier président de la Cour des Comptes depuis 22 ans, et de Martin Akendengué à la tête du Conseil d’Etat depuis 17 ans ! Ces «dinosaures» placent leurs proches à la tête des juridictions. Cela semble réduire la marge de manœuvre de la Garde des Sceaux tandis que du point de vue de l’organisation, des juridictions de province manquent parfois de moyens roulants et surtout matériels. Certaines prisons ont besoin d’un ravalement, ne fut-ce que de façade.

Un porte-parole aux abonnés absents

Mais Ida Réténo Assonouet n’a pas que le secteur Justice pour lequel beaucoup reste à faire au niveau de la méthode. Elle a d’autres secteurs. En dehors du volet Relations avec le Parlement qu’elle tient bien, le volet Porte-Parolat est lui aussi objet de moult critiques. Elle estime que ce rôle ne sert qu’à faire lecture des comptes-rendus des conseils des ministres, alors que pour l’opinion, la fonction de Porte-parole est transversale. Elle devrait donc pouvoir intervenir sur tous les sujets républicains pour lesquels le gouvernement est saisi. Connaissant les points faibles du Porte-parole de l’équipe Ndong Sima, Alain-Claude Billié Bi Nzé apparaît, de plus en plus, comme le porte-parole du gouvernement, alors qu’il est celui du Palais du Bord de mer.

Réténo Assonouet apparaît ainsi comme le symbole de la faiblesse du gouvernement dans le domaine communicationnel. On ne demande pas à l’ancienne DCP (Directrice Centrale du Personnel) du ministère des Eaux et Forêts d’appeler la presse tous les jours ou toutes les semaines, mais elle serait bien inspirée d’intervenir sur les grands sujets d’actualité et pas seulement sur les thèmes comme les crimes rituels qui concernent son département ministériel.

Bonne ministre des Relations avec le Parlement peut-être, mais une Garde des Sceaux au discours pas toujours en accord avec son manque d’efficacité.

Exprimez-vous!

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES