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Bongo et Cie

Editorial de Alexandre T. DJIMELI

Il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent, a-t-on coutume de dire. Mais les hommes de pouvoir en Afrique tentent souvent d’ignorer cette sagesse. La déchéance d’un dinosaure comme Mobutu roi du Zaïre ne fait certainement pas beaucoup réfléchir ceux qui gouvernent aujourd’hui. Mais l’actualité du Gabon remet sur orbite la question de la longévité de certains chefs d’Etat au pouvoir.
Depuis la semaine dernière en effet, les nouvelles les plus folles et de plus en plus contradictoires sur l’état de santé du président gabonais Omar Bongo Ondimba, soixante quatorze ans dont 42 comme chef d’Etat, entretiennent l’opinion nationale gabonaise et internationale. Son internement dans une clinique barcelonaise a occasionné une sorte de ping-pong médiatique entre les autorités espagnoles et le gouvernement gabonais. Prenant à témoin l’opinion en toute transparence, un porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères a affirmé qu’Omar Bongo se trouvait dans un “ état sérieux mais stable ”. Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a quant à lui déclaré que le chef d’Etat gabonais était “ très malade ”.Libreville n’a pas du tout aimé ces déclarations. Plus est, le gouvernement les a démenties en indiquant qu’El Hadj Omar Bongo Ondimba qui détient actuellement le record planétaire de longévité à la tête d’un Etat (exception faite des monarques d’Angleterre et de Thaïlande) n’était pas malade. Selon le ministre en charge de l’Information, Laure Olga Gondjout, le président est en bonne santé et observe simplement une période de deuil après la mort de son épouse.

A sa suite, la présidence de la République a réagi dans un communiqué pour affirmer qu’Omar Bongo n’a pas subi d’intervention chirurgicale. Le texte indique que le président “ […] a décidé de prendre quelques jours de repos en Espagne [Il] séjourne actuellement à l’hôpital Quiron [pour ] un bilan de santé complet et y suit des soins appropriés afin d’être au mieux de sa forme pour regagner le Gabon et reprendre au plus vite ses activités. ” Le 06 mai, le gouvernement gabonais avait annoncé que le président Bongo “ suspendait momentanément ses activités ” après la mort le 14 mars à Rabat au Maroc, de son épouse Edith Lucie Bongo Ondimba des suites d’une longue maladie.

L’inquiétant dans cette affaire, ce n’est pas que le président soit malade, mais que Omar Bongo n’entend pas quitter le pouvoir, même quand la nature semble le mettre hors-jeu. Or comme on le dit dans la plèbe au Cameroun, “ quand tu ne peux plus tu laisses ”. Sous-entendu, sans que personne ne vienne te bousculer, et que tu emportes avec toi des honneurs. Mais tout se passe comme si le mot “ démission ” avait été banni de la réalité et même du langage de la présidence de la République gabonaise.
L’histoire politique de ce pays pourrait mieux éclairer cet état d’esprit. Selon le Dictionnaire universel (2002), le Gabon accède à l’indépendance le 17 août 1960. Léon Mba est élu président en 1961. A sa mort en 1967, Albert Bernard Bongo (Omar à partir de 1973), alors vice-président de la République, lui succède. Il a trente-deux ans ! Depuis ce temps, les Gabonais (environ un million et demi de personnes aujourd’hui) n’ont connu aucun autre président.

Le culte de la personnalité à l’époque du parti unique, puis les tricheries politiques à l’ère du multipartisme (de 1990 à aujourd’hui) font de lui le maître incontesté du Gabon. Il est élu en 1993 et réélu en 1998. En 2003, il fait modifier la Constitution pour lever le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Et en 2005, il opère un nouveau passage en force dans les urnes. Fort de ce parcours, l’idée de sa mort, de sa démission et le fait que quelqu’un d’autre puisse le remplacer à la tête de l’Etat résonnent comme un événement difficile à accepter à la fois par lui-même et par les membres de son système. C’est clair, Bongo et sa cour ont décidé qu’il mourra au pouvoir.

Le président gabonais n’est pas seul dans cette situation. Ses pairs d’Afrique centrale pourraient le suivre dans la même direction. Dans un article publié dans Le Messager du 30 mai 2008, Bienvenu Gouem affirmait qu’à côté de certains pays d’Afrique de l’ouest et d’Afrique australe, l’Afrique centrale piétine en matière d’alternance au pouvoir. “ Sur les six chefs d’Etats de cette région, affirmaient-ils alors, quatre prirent le pouvoir par les armes (Deby, Bozizé, Sassou et Obiang Nguéma). Les deux autres, Biya et Bongo, succédèrent aux “pères des indépendances”. Leur moyenne d’âge est d’environ 67 ans. La durée moyenne de leur règne est de 23 ans, soient la plus élevée de toutes les régions du monde. ”
Ces présidents dont la majorité a modifié la Constitution pour mieux rester au pouvoir sont de plus en plus en court séjour privé en Europe. Les échos qui reviennent de là, c’est qu’ils y vont pour reprendre la forme. Mais quand ça va pourrir, dit-on ici, même le chien sentira. Le débat autour de l’état de santé de Bongo n’a été ouvert que parce que les autorités espagnoles l’ont provoqué. Sinon… Au-delà, la manière dont les choses sont organisées dans ces pays où on prépare les fils à prendre la place du père pourrait davantage déstabiliser l’idéal démocratique. Joe La Conscience parlait dans son album “ Libérez la presse ! ” de dynasocratie. On y est peut-être.

Le plus sage serait peut-être, messieurs les présidents, de ne point chercher à placer vos fils ou beau-fils au moment de mourir. S’ils ont du caractère, ils l’afficheront par leurs propres efforts. Surtout, ne manquez pas l’occasion de quitter honorablement le pouvoir.


Exprimez-vous!

  1. SOS peuple damné cherche libérateur
    Le peuple gabonais est à la recherche d’un esprit eclairé, d’un leader qui puisse le guider dans la seule bataille qui vaille pour un peuple opprimé, denigré, trahi, trompé, volé j’en passe! où sont passés ses soi disants opposants? Ne savnet ils pas que la politique c’est aussi une affaire d’opportunisme? Les Gabonais sont prêts à se defaire des chaines du régime gangrené qui est à bout de souffle mais faut il encore qu’il ait un guide. Les opposants attendraient ils que le peuple fasse seul le travail? Veulent ils que la fonction suprême leur soit servi par le peuple sans qu’ils mouillent le maillot? Les motivations pour remplacer obo c’est maintenant et pas après! Nous vous attendons chers prétendants à la présidence!

  2. cest le moment de passer a laction de battre le macadam pour la cause de tous comment peut-on expliquer le fait que des dirigeants cachent ou démentent des faits révélés par la presse internationale selon laquelle bongo est dans un etat jugé serieux et ses bouffons de ministre sans scrupule se permette de cosmétiser cela par des affabulations dont ils ont le secret cest croire que tout ces gens du gouvernement nen ont cure de la situation des gabonais situation dans la quelle cette ils nous ont mit .alors sil ya veritablement une opposition cest le moment de mener la bataille contre tous ces imposteurs demoniaques quitte a les affrontés tant qu’a faire

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